Le renouvellement des générations en agriculture a donné lieu à de vifs débats au dernier au Salon de l'agriculture. Le sujet n’a jamais été autant d’actualité qu’en cette période de récession marquée par la baisse de moral des Français, engendrée surtout par la perte des emplois dans plusieurs secteurs de l’économie.
La promotion de nouveaux emplois et la formation en agriculture constituent des enjeux cruciaux de l’avenir de ce secteur de l’activité économique de la France. Du moins, c’est l’une des principales leçons tirées du succès du Salon international de l'Agriculture, qui s'est tenu du 21 février au 1er mars, à la Porte de Versailles. Cette réussite s’explique en partie, par la participation de l'ensemble des acteurs engagés dans ce secteur, du grand public, en particulier des jeunes en quête de perspectives professionnelles et sociales.
Ces derniers ont été bien servis au hall 3, abritant le stand de l'Association nationale pour l'emploi et la formation en agriculture. Les responsables de cet organisme, les ont longuement tenu en haleine en vue de leur «vendre» les métiers du secteur avec tous leurs nouveaux débouchés et nouvelles techniques de travail, ainsi que de production.
Perspectives de métiers
Le contexte du moment s'y prête bien. A savoir, que la crise économique et financière sévit de plus en plus. Elle engendre les suppressions d'emplois dans de nombreux secteurs à l'échelle nationale, et le chômage frappe particulièrement les jeunes. Même parmi les diplômés de l'Enseignement supérieur. A condition, déjà, qu'ils prennent conscience de leur condition sociale préoccupante. Et qu'ils en aient surtout l'envie. Sur place, des filières porteuses ont été mises en lumière, au sein desquelles, à ce jour, de nombreux jeunes ayant au départ raté l'entrée dans la vie active, ont réussi.
«Nous voulons toucher un public le plus large possible, pour ensuite échanger sur les formations, qu'elles soient initiales ou continues, ainsi que sur les perspectives de métiers et d'emplois qui en découlent», a expliqué le secrétaire général de l'Association nationale des emplois et de la formation en agriculture (ANEFA), Michel Marquet.
Parmi ces filières en vogue, il y a par exemple l'Aménagement paysager. En matière d'emplois, on dénombre 70 000 sur le terrain (chantier d'espace vert), 13 450 entreprises dont 90% ont moins de 10 employés. Le taux de féminisation est encore faible, mais son évolution est encourageante, selon les responsables de l'Association. Près de 40% des entreprises de la profession se concentrent sur trois régions (Provences-Alpes-Côte d'Azur, Rhônes-Alpes, Ile de France.
Ou encore l’Horticulture et les Pépinières. Ce secteur compte plus de 5 500 entreprises en France métropolitaine, et dans les Dom. On note qu’une entreprise sur cinq se situe en Provence -
Alpes-Côte-d’Azur. Mieux, 31 000 emplois y sont identifiés. Les autres filières exposées, notamment, les Grandes cultures, ou les Fruits et légumes, sont également de gros viviers d’emplois. Plus que tout, l’intérêt de ce rendez-vous tient au fait que de nombreux jeunes ayant réussi leur entrée dans la vie active, via le secteur agricole, ont exposé devant ce public attentif.
Olivier Thibault, 36 ans, actif dans l’Elevage laitier et la Grande culture, en plus d’être propriétaire d’une exploitation dans la Somme est l’un de ceux-là. «L’exploitation se porte bien en 2009. Je vis de ma récolte de 2008. Mon revenu d’aujourd’hui, c’est ce que j’ai semé en 2007», explique-t-il.
Avant de préciser : «en agriculture, grâce aux remontées des matières premières, à l’image du prix du blé qui est passé de 100 euros à 200 euros en 2007, nous avons fait deux bonnes années économiques». Certes, ce tableau n’est pas que reluisant.
110 000 euros de prêts
« En 2008, le prix du blé a baissé à 150 euros la tonne, dans le même temps les charges ont augmenté», note-t-il encore. En d’autre terme, il faut être tenace jusqu’au bout.
«Globalement, çà va, malgré la crise. Un agriculteur professionnel est moins touché qu’un salarié qui travaille dans l’automobile. C’est un avantage comparatif», conclut-il. A côté de lui, un responsable du syndicat national des jeunes agriculteurs assène : «nous en agriculture, crise financière ou pas crise financière, le besoin des produits alimentaires est permanent et partagé».
Dans leur esprit, en période de crise comme c’est le cas, si les gens doivent faire une impasse, ils peuvent se garder d’acheter une voiture pour pouvoir se nourrir. Pour le syndicat, ce Salon aura été l’occasion de montrer les multiples opportunités d’emplois du secteur. «Le métier d’agriculteur permet d’échapper à la crise, parce que ce sont des valeurs sûres. Une terre agricole, c’est du réel», martèlent ses membres.
Des avantages qui «boostent» tout novice à l’entrée du métier existent. Notamment les aides octroyées aux jeunes agriculteurs par le gouvernement sous forme de contrat. Au préalable, tout noviciat doit montrer patte blanche. Il doit avoir au minimum le baccalauréat, et avoir suivi un cursus dans le supérieur. «Cette somme s’élève à 110 000 euros de prêt, à rembourser sur 9 ou 12 ans. L’Etat paie le différentiel de 2,5%», note un syndiqué.
Aussi, celui-ci fait valoir que «la dotation Jeunes agriculteurs, qui s’élève entre 8000 et 17 000 euros n’est pas à rembourser. Concernant ce chapitre liés aux avantages en vue de susciter l’attraction du métier, il y a l’abattement sur les impôts et sur les cotisations sociales pendant les cinq premières années de travail souvent difficiles. Cela dit, l’Etat exerce un contrôle rigoureux sur l’utilisation de ces différentes mannes. A cet égard, le jeune agriculteur est « obligé d’être dans un Centre agréé qui publie les résultats économiques».
Cela signifie que le jeune agriculteur est encadré. «Nous défendons les intérêts des jeunes agriculteurs, et ceux des jeunes en phase d’installation». Tel est le leitmotiv du syndicat national des jeunes agriculteurs qui revendique 50 000 adhérents à ce jour. D'ici-là, on saura si son slogan de campagne, intitulé «Demain, je serai paysan» a fait mouche. Car, au final, le défi à relever concerne le renouvellement des générations agricoles.
Jean-Christian KOMBILA
Commentaires