Le procès Colonna pour les nuls !

 Tous les jours les épisodes du procès Colonna se succèdent à un rythme éffrené. Personne n'a le temps de suivre et de comprendre ce procès au sommet...
Séance de rattrapage, avec notre "qui est qui" interactif.

Le procès Colonna a ouvert le 9 février. Révélations, contradictions puis reniements s'y sont succédés. Si bien qu'il a été interrompu le Jeudi 19, avant de reprendre Lundi 23.
Les témoins, qui sont policiers, juges, hauts fonctionnaires, politiques, nient, chacun à leur tour, ce qu'on avançait sur eux, et se renvoient automatiquement la balle.
Explications avec un "qui est qui" intéractif.

Cliquez sur un portrait pour avoir sa fiche et connaître son rôle dans l'affaire et le procès.

Dossier réalisé par Nathalie Kantt et Lucas Hochart

YVAN COLONNA

   En 1999 quatre hommes interpelés à Ajaccio avouent être les auteurs du meurtre du préfet Claude Erignac, assassiné le 6 février 1998. Certains déclarent qu' Yvan Colonna fait partie du commando. Ils se rétracteront plus tard. Le 4 juillet 2003 , après des années de cavale, les policiers du Raid arrêtent Colonna, en fuite depuis le 24 mai 1999, en Corse du Sud.
   Militant indépendantiste corse poursuivi pour l'assassinat du préfet, Colonna (né en 1960 à Ajaccio, Corse) n'aime pas parler de lui. Il n'aime pas non plus que l'on parle de lui. « Je peux être un bon époux, un bon père de famille, ça n'a rien à voir avec ce qui se passe dans cette enceinte », a-t-il déclaré. Le berger de Cargèse a toujours dénoncé un « procès politique ».
   Sa soeur aînée Cristina est toujours présente dans l'enceinte, assisse au premier rang.
   Il a été reconnu coupable et condamné à perpétuité en première instance. Ses avocats ont fait appel de cette décision. Le procès a recommencé le 9 février et pour cinq semaines. S'il est à nouveau reconnu coupable, Yvan Colonna risque la perpétuité,assortie d'une période de sûreté de 22 ans.

Colonna ne cesse de clamer son innocence. Il fait partie de ces accusés qui ne laissent pas le procès leur échapper, n'hésitant pas à intervenir quand il le juge opportun. Ses dires paraissent parfois peu convaincants, voire loufoques (quand il explique, par exemple, qu'il portait une cagoule au sein de plusieurs familles qui l'avaient hébergé pendant sa cavale), mais il ne laisse aucune question sans
réponse.
   M. Colonna se présente comme un nationaliste convaincu ayant cessé tout activisme depuis 1990, ce qui lui permet de tenir un discours engagé tout en jurant ne pas être «un apôtre de la violence».
   Certes, il refuse de condamner l'assassinat du préfet, mais il s'en explique intelligemment : «Si je condamne, on dira que je suis menteur et calculateur ; si je comprends l'acte politique, on dira que je suis coupable, coauteur ou commanditaire.»
   En leur faveur; il est exact qu'aucun élément matériel (ADN, téléphonie...) n'a été recueilli contre leur accusé et qu'aucun témoin ne l'a distinctement identifié.

DIDIER VINOLAS

   Didier Vinolas est l'ancien adjoint dupréfet Erignac.
   Il a amené coup de tonnerre dans le procès, lorsqu'il a révélé deux noms de
personnes pouvant avoir participé à l'assassinat. Selon ce haut fonctionnaire,
commissaire de police, deux personnes susceptibles d'être impliquées
"courraient toujours dans la nature".
   Cette information plonge de nouveau le procès dans une vive confusion.
   Ces noms n'étaient pas apparus jusqu'alors dans la procédure. Il tenait ces
informations d'un aussi anonyme qu'insondable Monsieur X.
   Dans les journées qui suivent ces déclarations, Didier Vinolas va être
quasiment lynché par les responsables de la police et de la justice qui défilent à la barre. Pendant ce temps, les avocats de Colonna se raccrochent a son témoignage pour mettre en cause l'instruction.
   Le vendredi 20 février Vinolas a dévoilé le nom de son mystérieux informateur : Michel Poirson ancien des RG.

CLAUDE ERIGNAC

Claude Erignac était préfet de Corse. Le 6 février 1998 à 21 heures il est abattu de trois balles tirées dans le dos.

LES MYSTERIEUX E.A. ET M.A.

   E.A et M.A. sont les initiales des deux nouveaux suspects, sortis du chapeau au cours du procès   Pour le parquet, l'affaire des "deux suspects" est réglée : au choix c'est un tuyau percé ou juste du réchauffé.
   Pour le premier, il avait bien une voiture de la même marque que celle repérée sur les lieux du crime. Mais il a été mis hors de cause, car son alibi pour le soir du meurtre a été validé par le complément d'enquête..
   Pour le second, mis en garde à vue en juin 1999, il a également été mis hors de cause, auparavant, par l'enquête.
   Les pistes s'évaporent mais demeure les doutes et les contradictions des témoignages.

MONSIEUR X, ALIAS MICHEL POIRSON

   Michel Poirson serait l'un des informateurs de Didier Vinolas, son fameux Monsieur X. Mais cet ancien inspecteur des Renseignements généraux, aujourd'hui à la retraite, nie l'affirmation de Vinolas.
   Poirson a déclaré aux juges qu'il connaissait M. Vinolas. Mais il a précisé qu'il n'avait jamais discuté avec lui de l'affaire Erignac sur le fond et que jamais il ne lui avait donné de noms ni de renseignements de quelque ordre que ce soit concernant l'affaire Erignac.
Il n'a donc révélé aucun nom aux juges qui l'ont entendu.
   M. Poirson a également nié avoir été mis en contact en 2002 avec le procureur Yves Bot. Lors de son audition par les deux juges, M. Bot a confirmé avoir rencontré cet informateur et confirmé qu'il s'agissait bien de l'inspecteur de police M. Poirson.

YVES BOT

   Yves Bot est le procureur général de Paris.
   Classé à droite de l'échiquier politique mais ayant fait preuve d'indépendance dans le traitement sans complaisance de certaines affaires relatives au RPR, Yves Bot est considéré par ses détracteurs comme un "sous-marin" de la droite.
   En 2002 avec Yves Bot est procureur de la République de Nanterre, et en passe de le devenir à Paris. En septembre 2002 il dine avec Vinolas, qui lui présente son mystérieux informateur. Mais les deux hommes ont un différent (une facture non réglée de 300 000 euros, qui va faire passer à la trappe cette information.
   Néanmoins Yves Bot aurait dû communiquer ce renseignement par écrit aux juges antiterroristes.
Il peut apparaître comme un moyen plus qu'une fin dans ce dossier : un haut-fonctionnaire de police
reste persuadé que «Vinolas a utilisé le relais d'Yves Bot pour entrer en contact avec Sarkozy, afin de décrocher une promotion»

CLAUDE GUEANT

   Yves Bot, après avoir récupéré ses informations sensibles, dit s'être adressé à Claude Guéant, à l'époque directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.
   En réponse, Guéant lui conseille d'envoyer Vinolas voir Christian Lambert, le patron du Raid -l'unité d'élite de la police qui procédera en 2003 à l'arres-
tation du berger.
   Mais dès le lendemain Christian Lambert a tout nié en bloc, ce qui devient une coutume dans ce dossier...
    Ainsi la défense a déduit qu'il y a au moins un menteurdans la chaîne Vinolas-Bot-Guéant-Lambert.
Elle a donc demandé à entendre Claude Guéant. Mais celui-ci est actuellement secrétaire général de l'Elysée, les chances qu'il témoigne sont donc inexistantes.

DIDIER WACQUONE

   Après les déclarations de Didier Vinolas sur l'implication de deux autres personnes qui seraient encore dans la nature, le président de la cour a mis près de deux semaines avant d'arrêter le procès.
   Les avocats de Colonna lui reprochent d' avoir mis trop de temps pour prendre cette décision.

Comments

[Rédigé par : L'amoureux de la balle]

Juste parce que ton animation déchire grave,Lucas, je me permets de te lâcher un com'. C'est une bonne initiative... qui mérite d'être soulignée!

[Rédigé par : AudeZa]

Une mise au point très claire de l'affaire et présentée de manière très ingénieuse et dynamique.

[Rédigé par : Cheap Air Jordan]

Très bon, le partage fait de vous une meilleure personne.