Humour noir un jour, humour noir toujours. Pierre Desproges reste le maître, et même si les élèves n’ont pas dépassé le maître, quelques héritiers, ou des évolutions de la pratique, persistent et signent.
Le monde de la télévision, et de la scène, commence à voir renaître quelques empêcheurs de tourner en rond à l'humour corrosif.
Quand l’humour dépasse le simple cadre des planches et satire la société, personne n’est épargné. Vingt ans après la mort de Pierre Desproges, personne ne le fait mieux que lui. Mais l’humour noir n’est pas joué pas les bouffons du roi. Pas de caméra pour une hypocrisie latente à respecter. « La scène est l’espace de liberté par excellence » affirme Christophe Alévèque.
L’humour comme contre-pouvoir.
Pierre Desproges était apolitique dans ses sketchs. Aujourd’hui, l’humour noir regroupe des hommes de sensibilité de gauche, clairement à gauche. Ils n’hésitent pas à sortir des sentiers battus. Christophe Alévèque avait tenu tête, et même retourné Patrice Devedjian sur le plateau de Tout Le Monde en Parle en 2007, avant les élections présidentielles.
La bien-pensante et le « citoyen modèle » sont étrillés au fil de apparitions d’Alévèque. Stéphane Guillon est de la même veine. Les portraits au vitriol du chroniqueur de Canal + plaisent car il ose s’attaquer aux dites célébrités sur les plateaux de télévision où planent souvent une ambiance mièvre. Comme si les discours décalés de ces « bannis » répondent aux attentes d’un public de plus en plus nombreux.
Tout est question de
culture et de finesse
Même si le prime-time ne laisse pas d’opportunités à ces empêcheurs de tourner en rond, cela ne refroidit pas les ennemis de la promotion universelle. Le rendez-vous du samedi soir de Laurent Ruquier , On n’est pas couché, fait la part belle à la critique. Eric Zemmour, journaliste au Figaro, et Eric Naulleau, éditeur littéraire, entrent dans des débats, parfois nerveux, avec les invités.
Le résultat est implacable. Cela plaît aux téléspectateurs, avec une audience toujours forte pour l’émission. Et bon nombre d’invités sont incapables de tenir un débat concernant leur promotion. Quelques rares expressions peuvent soutenir les critiques, voire rentrer dans une « confrontation » avec les deux Eric. La plus grande force reste la culture de ces « polémistes »
Ces pratiques demandent une capacité de débat très affirmée, et une culture certaine. Le public est donc obligatoirement réduit par rapport à d’autres formes d’humour ou de contestation moins fines. Les trios Les Inconnus et Les Nuls n’épargnaient personne. Mais tout était fait avec finesse et intelligence. Mais aujourd’hui, laisserait-on ces électrons libres, imprévisibles et incontrôlables, sur le petit écran ? Dans un monde des médias hypocrite, où se placeraient ces humoristes ?
La scène reste le réel et intemporel espace de liberté.
Florian Toumit
... sans oublier l'excellent Didier Porte, dont les chroniques sont désormais dispo en podcast.
Rédigé par : Owardiouze | 22 décembre 2008 à 18:24